Un traumatisme dentaire est une lésion d’une ou plusieurs dents, causée par un choc.
Les traumatismes dentaires touchent le plus souvent les « dents de devant » plus exposées (incisives et canines supérieures notamment). Les prémolaires et les molaires sont plus rarement atteintes car mieux protégées.
Par ailleurs, lors d’un traumatisme dentaire, des lésions peuvent concerner d’autres parties de la bouche :
- les éléments de soutien de la dent : os et gencives ;
- les muqueuses buccales : lèvres, joues ;
- la langue.
Lésions dentaires
La contusion dentaire
La contusion est le traumatisme le moins violent car il provoque un simple ébranlement de la dent, sans lésion apparente, ni mobilité de la dent. Celle-ci peut cependant être douloureuse à cause d’une inflammation sans gravité des tissus de soutien de la dent qui guérit le plus souvent en quelques jours.
Il faut cependant surveiller la dent car à la suite du choc une réaction peut se produire au niveau de la pulpe dentaire dans les jours ou les semaines suivant le traumatisme. La dent peut perdre sa vitalité, elle change de couleur, virant au gris et ne réagit plus aux tests thermiques.
La fêlure dentaire
Une fêlure de la couronne dentaire correspond à une fissure au niveau de l’émail et parfois de la dentine , sans perte de tissu dentaire. Elle est difficile à visualiser et à localiser. Généralement imperceptible à la radiographie, elle s’accompagne parfois d’une légère sensibilité au froid. Elle peut se manifester par une douleur vive, de courte durée et inconstante survenant au cours de la mastication, plus particulièrement lors du relâchement de la pression occlusale.
Les fêlures peuvent également concerner les racines des dents. Ce type de fêlure, apparaissant dans la plupart des cas sur des dents dépulpées, est souvent découvert lors de l’apparition d’un abcès parodontal (de la gencive).
La fracture dentaire
La fracture coronaire
La fracture peut concerner uniquement la couronne dentaire (partie visible de la dent). Elle entraîne la perte d’un morceau de dent de taille variable selon la nature du choc : la dent est cassée.
Ce traumatisme peut causer une douleur en cas d’exposition au froid ou au chaud, et/ou pendant la mastication. Plus la fracture est proche de la pulpe, plus la douleur est intense. Lorsque la pulpe elle-même est exposée à l’air, on remarque à l’œil nu un petit point rouge au milieu de la dent. Toute fracture coronaire, quelle que soit son niveau, peut entrainer à plus ou moins court terme une perte de la vitalité pulpaire.
La fracture radiculaire: dent cassée
Les fractures des racines de la dent surviennent le plus souvent à l’occasion d’un choc au niveau de la face. Elles peuvent être :
- associées à une fracture de l’os alvéolaire autour de la dent,
- accompagnées de traumatismes des dents adjacentes ou antagonistes.
Les fractures radiculaires sont visibles à la radiographie qui permet de localiser le trait de fracture sur la racine.
Selon le niveau de la fracture, la partie coronaire de la dent est plus ou moins mobile.
Les fractures radiculaires peuvent également être consécutives à des fêlures coronaires et s’étendre sur toute la longueur de la dent. Ce type de fracture provoque une douleur sourde et permanente et entraîne une mobilité des fragments de dents fracturés.
Luxation dentaire: dent déplacée ou expulsée ==> consulter en urgence un chirurgien-dentiste
La luxation incomplète ou subluxation
La dent est déplacée dans sa cavité osseuse (ou « alvéole ») mais n’en sort pas complètement. La luxation s’accompagne généralement d’une douleur, surtout au toucher. Le déplacement peut avoir lieu dans différents sens :
- vers l’extérieur de l’alvéole : la dent peut être sortie partiellement de son alvéole. Dans ce cas, elle semble plus longue et est très mobile ;
- vers l’intérieur de l’alvéole : la dent peut s’être enfoncée dans l’alvéole et paraître plus courte. Parfois, la couronne est totalement enfoncée dans l’os alvéolaire et on ne la voit plus : on parle d’une intrusion ;
- vers l’avant, l’arrière ou latéralement : la dent n’occupe pas sa place habituelle. Elle paraît en décalage par rapport aux autres.
La luxation complète
La dent est complètement sortie de sa cavité osseuse. Il s’agit d’une expulsion. Ce traumatisme intervient plus fréquemment sur les dents dont l’édification de la racine n’est pas achevée, dents dites immatures. La luxation complète occasionnant l’arrachement du ligament alvéolo-dentaire est douloureuse et s’accompagne éventuellement d’une déchirure de la gencive ou d’une fracture de l’os alvéolaire.
Lésions des tissus de soutien de la dent: muqueuse, gencive et os alvéolaire
Un traumatisme dentaire peut léser les tissus environnants de la dent.
Gencives et muqueuse buccale présentent alors des plaies plus ou moins profondes, ou encore des ecchymoses. Lors d’une fracture dentaire, l’os alvéolaire peut aussi être touché. Un traumatisme important peut en plus causer une fracture des maxillaires.
Que faire??
Vous devez appeler les services médicaux d’urgence :
- si le traumatisme dentaire a été causé par un choc violent à la tête ;
- si le traumatisme dentaire survient lors d’un accident grave comme un accident de la circulation par exemple ;
- si la victime a perdu connaissance ;
- si elle a vomi.
Si une dent permanente a été expulsée
Elle peut éventuellement être réimplantée avec succès, afin d’éviter la perte d’une dent définitive.
Cependant, les chances de réussite dépendent :
- des conditions de conservation de la dent,
- du temps durant lequel la dent expulsée est restée en dehors de son alvéole
- des techniques de réimplantation et de contention..
Plusieurs précautions sont donc à prendre :
- En cas de saignement, demandez à la personne de mordre une compresse de gaze stérile pliée en quatre ou, à défaut, un mouchoir en papier propre.
- Essayez de retrouver la dent.
- Si vous la retrouvez, saisissez-la par la couronne (partie visible de la dent recouverte d’émail), jamais par la racine. En effet, les fragments de ligament (sorte d’enduit jaunâtre) qui recouvrent la racine permettront à la dent de se rattacher à l’os alvéolaire. Il ne faut surtout pas les retirer ou les abîmer, car ils sont indispensables à une bonne réimplantation.
- Si la dent est sale, rincez-la très légèrement sous l’eau courante, sans la frotter, en la tenant toujours par la couronne.
- Uniquement s’il s’agit d’une dent définitive, vous pouvez tenter de la replacer dans son alvéole. Au préalable, faites faire un bain de bouche à la personne qui a perdu la dent, avec de l’eau, pour rincer la cavité. Ensuite, repositionnez la dent en l’enfonçant doucement, sans forcer. Cela n’est pas douloureux.
- Ne repositionnez pas la dent dans les cas suivants :
- il s’agit d’une dent de lait (le germe de la dent définitive pourrait s’infecter si vous la remettiez en place),
- vous ne savez pas si c’est une dent de lait ou une dent définitive,
- il est impossible de la repositionner (présence d’une fracture de l’os, d’un caillot ou d’un corps étranger dans l’alvéole).
Dans ces situations, conservez la dent dans du lait ou, à défaut, dans du sérum physiologique, en attendant la consultation. Il ne faut pas la conserver dans de la glace ni à sec (le ligament perdrait son intégrité et la réimplantation serait alors impossible).
- Rendez-vous le plus rapidement possible chez votre chirurgien-dentiste : plus le délai entre l’expulsion de la dent et sa réimplantation est court, meilleur est le pronostic. Ainsi, les résultats les plus probants sont obtenus pour un temps inférieur à 20 minutes.
Lors de la consultation, le chirurgien-dentiste repositionne la dent dans son alvéole et met en place une contention par collage afin de solidariser la dent expulsée avec les dents adjacentes.
La surveillance de la vitalité dentaire est impérative dans les jours suivants pour détecter rapidement tout signe d’inflammation ou d’infection imposant un traitement endodontique. La racine de la dent pouvant se rhizalyser (résorption de la racine à partir de son extrémité), des contrôles radiologiques sont également effectués durant les mois suivants.
Si une dent a subi une luxation incomplète
Si la dent a été luxée mais est restée dans son alvéole, laissez-la dans la position où elle se trouve, sans y toucher.
Votre chirurgien-dentiste la repositionne correctement, réalise une contention, met en place une surveillance et un suivi identiques au protocole prévu suite à une expulsion. En cas d’intrusion, votre chirurgien-dentiste met en place une traction orthodontique de manière à repositionner la dent sur l’arcade.
Si la dent a été fracturée (la dent est cassée)
Si vous en retrouvez un morceau, conservez-le dans du lait (ou du sérum physiologique) en attendant la consultation.
Votre chirurgien-dentiste tente de conserver la vitalité de la dent chaque fois que possible.
En cas de fracture coronaire (partie blanche et visible de la dent)
- En cas de fracture coronaire sans exposition de la pulpe, la dent est reconstituée soit en recollant le ou les morceaux de dents fracturées, s’ils ont été récupérés, soit en utilisant une restauration composite, dans le laps de temps le plus court possible afin de protéger la pulpe.
- Si la fracture coronaire entraîne une exposition pulpaire, il faut protéger la pulpe par un coiffage avant de restaurer la dent fracturée. Une surveillance est ensuite mise en place dans les jours et semaines suivantes, une réaction de la pulpe pouvant intervenir postérieurement au choc. Dans certains cas, il peut être nécessaire de dévitaliser la dent.
En cas de fracture radiculaire (atteinte des racines de la dent)
Le traitement dépend du niveau de la fracture.
Si la fracture concerne uniquement l’extrémité de la racine sans déplacement ni mobilité, aucun traitement immédiat n’est nécessaire en attendant la consolidation mais une surveillance est indispensable dans les jours et les semaines suivant le traumatisme.
Les fractures radiculaires hautes (situées près de la couronne dentaire) nécessitent le retrait de la couronne et font l’objet d’un traitement radiculaire.
En revanche les fractures radiculaires à mi-hauteur de la racine ou concernant toute sa longueur (fracture verticale) rendent la conservation de la dent impossible.
En cas de fracture de l’os alvéolaire (os de soutien de la dent)
Il existe une mobilité d’un bloc de plusieurs dents restées intactes. Dans ce cas, une réduction et une contention du bloc dentaire mobile doivent être réalisées. Une surveillance dentaire clinique et radiologique, indispensable sur un long terme, est ensuite mise en place.