Constipation

Très fréquente, la constipation des enfants est pénible pour les enfants et sujet d’inquiétude pour leurs parents. Après avoir exclu les rares causes organiques, des remèdes simples et efficaces existent. Il faut agir tôt et suffisamment longtemps pour éviter qu’un cercle vicieux s’installe.

C’est un symptôme très fréquent en pédiatrie puisqu’il représente environ 5% des enfants vus en consultation. La définition est institutionnelle et définie par les critères de Rome 4.

Il faut séparer la constipation de l’enfant avant et après 4 ans ( âge limite d’acquisition de la propreté ).

Au moins 2 des critères suivants (pendant 4 semaines consécutives) :

  1. moins de 3 exonérations par semaine
  2. comportement rétentionnel
  3. défécation difficile et/ou douloureuse
  4. selles volumineuses
  5. présence d’un fécalome rectal
  6. épisodes d’encoprésie avec fuites fécales involontaires au moins 1 fois/semaine
  7. émission de selles volumineuses pouvant obstruer les toilettes

En résumé on parle de constipation lorsque la fréquence des selles est trop rare et en cas de difficultés à déféquer. Il est nécessaire de déterminer l’âge de début de la constipation ce qui va permettre d’orienter le médecin quant à son éventuelle cause et la prise en charge qui en découle.

Chez l’enfant, la constipation a diverses causes : changement dans l’alimentation, du mode de vie, prise de certains médicaments…

La fréquence normale des selles varie d’une personne à l’autre. Chez l’enfant, elle diminue à mesure qu’il grandit. En effet, son tube digestif étant de plus en plus long, le temps de déplacement des matières fécales dans le côlon augmente. Généralement, un nourrisson émet au moins une selle non dure par jour et un enfant plus grand au moins deux selles de consistance normale par semaine.

Une constipation peut être évoquée lorsque :

  • le rythme habituel d’émission des selles est perturbé devenant anormalement allongé ;
    • moins de 2 selles/j chez nourrisson allaité au sein
    • moins de 3 selles /semaine chez le nourrisson au biberon
    • moins de 2 selles par semaine chez l’enfant plus grand
  • les selles changent de consistance devenant plus dures et plus difficiles à émettre avec des signes de difficultés dans l’éxonération

ECHELLE MISE EN PLACE AFIN DE DECRIRE LES DIFFÉRENTES TYPES DE SELLES

Le médecin s’attachera à vérifier l’absence de constipation fonctionnelle ou secondaires ( à des pathologies finalement assez rares) et c’est toujours pareil l’examen doit être rigoureux et une évaluation de l’enfant dans sa globalité est importante.

La plus grande majorité des constipations est d’origine fonctionnelle ( et donc pas grave ): une constipation terminale de rétention.

COMMENT SE PASSE LA DIGESTION DES ALIMENTS ?

Après une première digestion partielle dans l’estomac, les aliments arrivent dans l’intestin grêle. Au cours de cette progression, l’organisme absorbe la majorité des nutriments dont il a besoin. L’intestin grêle et le côlon font avancer les aliments en se contractant. Au cours de la digestion, la dégradation des aliments par la flore intestinale (ensemble des bactéries vivant normalement dans le tube digestif) entraîne une fermentation naturelle et la production de gaz.

Les résidus des aliments digérés constituent les selles. La progression des selles (matière fécale communément appelé « le caca ») le long du colon est assurée par des contractions de sa paroi. Certaines de ces contractions sont de grande amplitude et se produisent plusieurs fois par jour, principalement lors des repas. Elles font progresser les selles jusque dans le rectum, où elles provoquent la sensation de besoin. A ce moment il existe une décontraction réflexe et involontaire d’une partie du muscle sphinctérien de l’anus (sphincter lisse aussi appelé sphincter interne). Cette décontraction aboutit au passage des selles à travers l’anus et à leur évacuation.Le besoin de défécation (besoin d’aller à la selle) est déclenché par l’augmentation de la pression dans le rectum due à la présence de matières fécales. La contraction de côlon et des muscles abdominaux en permet l’expulsion.

En cas de constipation, les résidus alimentaires formant les selles restent trop longtemps dans le colon sans progresser dans leur trajet vers le rectum. L’eau qu’ils contiennent est absorbée par le colon et les selles deviennent dures. Les selles s’accumulent dans le colon et le rectum et sont difficiles à évacuer.

Lors de l’apprentissage de la propreté, vers l’âge de 3 ans, l’enfant apprend à contracter volontairement la deuxième partie de son sphincter anal (sphincter strié aussi appelé sphincter externe) ce qui lui permet de retenir les selles et d’être « propre », jusqu’à ce qu’il se trouve dans les conditions nécessaires à une défécation « sociale ». Tant que l’enfant n’a pas évacué volontairement ses selles le rectum reste rempli, et la sensation de besoin disparaît jusqu’à la prochaine contraction réflexe de l’intestin. L’évacuation des selles d’un enfant ayant fait l’apprentissage de la propreté se fait donc à un rythme contrôlé volontairement dépendant de la vitesse de son transit digestif, qui est plus ou moins rapide selon les individus. Ainsi pour un enfant, le nombre de défécations volontaires et normales va de 3 par jour à 1 tous les 3 jours.

Critères de gravité devant faire consulter rapidement votre médecin

Principales causes de constipation fonctionnelle

  • un changement dans l’alimentation (passage de l’allaitement à un lait artificiel, modification de lait artificiel, introduction des solides, etc.) 
  • des erreurs alimentaires : pas assez d’eau et de fibres, trop de calcium (produits laitiers exclusifs), erreurs de dilution dans la préparation des biberons
  • la prise de certains médicaments : épaississants, antispasmodiques… 
  • un changement de cadre de vie ou de rythme de vie (mise en collectivité, vacances) 
  • un stress émotionnel ou physique (arrivée d’un nouvel enfant dans la famille, intervention chirurgicale, etc.) 
  • certaines habitudes : par exemple, si l’enfant se retient souvent parce qu’il n’aime pas utiliser les toilettes publiques ou de l’école (à cause du manque d’intimité, de propreté ou de papier toilette) ou parce qu’il ne veut pas quitter son jeu, etc. 
  • une mauvaise installation de l’enfant : la défécation nécessite une position propice au relâchement des sphincters. Un enfant trop grand sur un pot ou au contraire, un enfant qui a les jambes dans le vide sur un WC adulte peut être en difficulté. Il faut alors lui proposer une possibilité d’appui pour ses membres inférieurs 
  • un apprentissage de la propreté mal conduit ou trop précoce
  • la peur d’aller à la selle lors de l’apprentissage de la propreté

Mise en place très classique d’un cercle vicieux:

Traiter tôt et suffisamment longtemps est crucial. Les résultats sont meilleurs si la prise en charge est débutée avant 3 mois d’évolution. En effet, un cercle vicieux peut s’installer : l’émission de selles dures et volumineuses cause une douleur à la défécation, voire une fissure anale responsable d’un anisme (fermeture du sphincter anal lors des efforts de poussée). Ce dernier engendre une stagnation de selles dans l’ampoule rectale (fécalomes) et donc un mégarectum et une hyposensibilité induisant à leur tour l’émission de selles dures et volumineuses. Il faudra alors plusieurs mois ou années de traitement avant que la sensibilité rectale redevienne normale. C’est pourquoi un arrêt trop précoce du traitement entraîne inévitablement une récidive.

Soigner la constipation par quelques mesures éducatives et une meilleure hygiène de vie

  • Ne soyez pas trop insistant sur l’acquisition de la propreté de votre enfant et n’essayez pas d’instaurer la propreté trop tôt ou si votre enfant n’est pas prêt à cela.
  • Commencez l’éducation de la propreté par l’utilisation d’un pot posé à terre.
  • Puis, lorsque l’enfant grandit, aménagez-lui de bonnes conditions à la défécation aux toilettes. Pour pouvoir pousser, votre enfant doit s’appuyer sur un plan fixe. Il ne peut pas déféquer s’il est en position instable, s’il est suspendu à la cuvette des WC parce que ses pieds ne touchent pas par terre. Pour cela, posez un réducteur de lunette, procurez-lui, si ses jambes sont encore trop courtes, un petit banc pour que ses pieds puissent y prendre appui.
  • Apprenez à votre enfant à se présenter de façon quotidienne aux toilettes, après un repas par exemple, même en l’absence de besoin. La nécessité d’aller à la selle reviendra progressivement.
  • Incitez-le à prendre son temps aux toilettes.
  • Ne donnez pas à votre enfant une image négative de la défécation .
  • Évitez de critiquer les toilettes des lieux collectifs (écoles, lieux publiques…), comme les problèmes d’odeurs ou d’hygiène, ce qui pourrait empêcher votre enfant d’aller aux toilettes à l’extérieur de la maison. Apprenez-lui à bien se laver les mains après être passé aux toilettes.
  • Expliquez-lui qu’il n’est pas bon qu’il se retienne d’aller à la selle.

Prise en charge

Augmentation de l’activité physique

Bougez les jambes de votre bébé comme si vous le faisiez pédaler, et massez-lui le ventre délicatement, trois ou quatre fois par jour.

Veillez à ce que votre enfant plus grand pratique une activité physique tous les jours. L’activité physique permet de rester en forme et de lutter activement contre la constipation. L’activité physique stimule l’appétit et les colons « paresseux ».

On entend par activité physique tous les mouvements de la vie quotidienne : ceux effectués à la maison, à l’école, pendant les loisirs. C’est tous les jours qu’il doit bouger. Par exemple, avec votre enfant, marchez au lieu de prendre le bus ou la voiture. Proposez-lui également des jeux faciles, qui lui plaisent : jeux de ballon, vélo, jeux de plein air. Et si possible, pratiquez ces activités en famille ou entre amis.

Alimentation adaptée

Voici quelques mesures simples qui vous permettent d’améliorer le transit intestinal de votre enfant

Votre enfant de moins de 3 ans est constipé : comment modifier son alimentation ?

Toujours vérifier la bonne reconstitution des biberons. Respectez le principe d’une mesure de lait pour 30 ml d’eau et surtout n’enrichissez pas le lait en ajoutant plus de poudre, car cela est source de constipation. Pensez à lui proposer régulièrement de l’eau, surtout s’il a de la fièvre ou s’il fait très chaud pour éviter la deshydratation.

Lors de la diversification alimentaire sachez qu’il est possible d’introduire dans son alimentation des fruits et des légumes, surtout si votre nourrisson est constipé. Les fibres qu’ils contiennent constituent, en effet, un résidu fécal qui améliore le transit intestinal.

Si votre enfant a plus d’un an et qu’il est constipé, assurez-vous qu’il mange bien un fruit ou un légume au moins trois fois par jour : raisins, dattes, prunes, figues, fenouil, courgettes, etc. Vous pouvez aussi lui donner des céréales complètes avec des biscuits complets ou du riz complet.

Que changer à l’alimentation de votre enfant de plus de 3 ans constipé ?

Veillez, tout d’abord, à ce que votre enfant soit suffisamment hydraté et ce, d’autant plus s’il fait du sport ou s’il a chaud.

Ajoutez à son régime alimentaire quotidien des fruits, des légumes et d’autres aliments riches en fibres. Les fibres, non digérées, retiennent l’eau dans les résidus alimentaires présents dans le colon et ainsi, les selles sont plus molles. Par exemple : du pain de blé entier, des céréales au son, des légumineuses (fèves, lentilles…) ou des prunes. A contrario, évitez les aliments trop gras et trop sucrés peu riches en fibres.

D’autre part, aménagez-lui des horaires de repas bien définis, afin d’éviter le grignotage, souvent synonyme d’alimentation pauvre en fibres.

Pour les enfants plus grands il faut leur expliquer comment fonctionne le transit et ne pas hésitez à s’aider de videos didactiques