Acquisition propreté

Il n’existe pas d’âge précis pour que votre enfant devienne propre. L’acquisition de la propreté est une question de patience, chaque enfant a son rythme. C’est un processus très complexe qui mature sur plusieurs années. C’est une étape qui en général a lieu après les 24 mois, parfois plus tard. L’acquisition de la propreté diurne se fait avant l’acquisition de la propreté nocturne.

Quinze à 20% des enfants ont acquis la propreté nocturne à trois ans, 70 à 80% à quatre ans, 80 à 90% à cinq ans et 98 à 99% à l’adolescence.

Par définition, on parle d’énurésie nocturne lorsqu’il y a persistance de mictions incontrôlées après l’âge de cinq ans.

La maturation vésicale: explications

Le cycle vésical normal est composé de deux phases : le remplissage et la miction.

– Le remplissage implique le relâchement du détrusor pour stocker les urines avec une augmentation de la pression de fermeture du col vésical. C’est la continence où intervient le système nerveux sympathique.

– La miction nécessite la coordination parfaite d’une dizaine de muscles (striés et lisses) permettant une contraction vésicale, une ouverture du col et un relâchement du sphincter strié. C’est la vidange des urines qui doit être normalement facile, complète, volontaire et indolore. Il existe une stimulation du système nerveux parasympathique pendant cette phase.

La fonction physiologique de la vessie et des voies urinaires inférieures se développe au fur et à mesure que l’enfant grandit. Chez le nourrisson, la miction est un réflexe automatique, sans aucune intervention de la volonté, qui existe déjà pendant la période fœtale. Elle est sous le contrôle du système nerveux médullaire sacré. Le nouveau-né a environ vingt mictions par jour déclenchées par un remplissage vésical faible, mais aussi par la stimulation cutanée périnéale.

Au cours des deux premières années de vie, il survient une inhibition progressive de ce réflexe aboutissant à un contrôle volontaire de la miction par les centres supérieurs comme chez le grand enfant et l’adulte. Ce contrôle réduit le nombre des mictions à l’âge de 2 ans (six à huit par jour). Cependant, des contractions vésicales involontaires se produisent de temps en temps pendant l’enfance. Vers l’âge de 18 mois, l’enfant se rend compte de la nécessité d’acquérir la propreté afin de répondre aux attentes de ses parents. Il apprend à retarder sa miction en contractant son sphincter strié, ce qui inhibe la contraction réflexe vésicale et augmente sa capacité vésicale. En moyenne, la continence diurne est acquise vers l’âge de 2 ans et celle nocturne entre 2 et 5 ans chez 80 % des enfants. Parmi les 20 % restants, une guérison spontanée arrive chez 15 % chaque année.

CONCRETEMENT

Lorsqu’il sait bien marcher, monter les escaliers, s’accroupir, courir ou grimper, il est suffisamment mâture dans ses mouvements pour essayer de maîtriser ses envies. En parallèle, lorsque vous remarquez qu’il s’intéresse peu à peu au sujet, qu’il commence à parler en sachant dire « pipi, caca », qu’il vous pose des questions ou qu’il essaye d’enlever ses couches tout seul, il est temps de lui proposer le pot !

L’acquisition de la propreté peut être très rapide, ou un peu plus longue (de quelques jours à 6 mois parfois). Certains enfants propres le jour le sont rapidement la nuit mais pas toujours. La propreté la nuit ne s’apprend pas et on ne parle pas d’énurésie, c’est-à-dire de pipi au lit la nuit, avant l’âge de 5 ans.

Il se peut également que votre enfant ne soit pas tout à fait propre avant d’aller à l’école. Ne vous tracassez pas, il y a de grandes chances que cet apprentissage se fasse en quelques jours au contact de ses camarades et du personnel de l’école. Par contre, s’il continue à avoir des fuites fréquentes dans la culotte à 4-5 ans, consultez le médecin de votre enfant.

Quelques techniques: Si vous souhaitez commencer et si votre enfant est d’accord vous pouvez le mettre sur le pot régulièrement.

  • Le meilleur moment se situe après chaque repas, donc 4 fois/jour.
  • Le pot doit rester au WC, et évitez de le « balader » dans les autres pièces de la maison.
  • La station sur le pot ne doit excéder 2 à 3 minutes.Il faut que la pause pipi devienne une habitude naturelle, après chaque repas: on mange, puis on va sur le pot, puis on se lave les mains, puis on retourne jouer…

Video didactique réalisée par l’AFPA sur le fonctionnement de la vessie

MON ENFANT N’EST TOUJOURS PAS PROPRE

Les troubles mictionnels de l’enfant sont des pathologies fréquentes (jusqu’à 15 % des enfants à 7 ans) et invalidantes. Un interrogatoire orienté et complet permet, avec un examen clinique simple, dans beaucoup de cas de faire le diagnostic, de rechercher les pathologies associées et de proposer une prise en charge adaptée.

Les fuites urinaires sont fréquentes en population pédiatrique. Elles impactent de manière considérable la qualité de vie des enfants et de leurs parents, avec des retentissements variables sur la vie scolaire, sociale, familiale et sur l’estime de soi. Non prises en charge, elles peuvent persister à l’âge adulte.

Une approche clinique simple permet souvent une prise en charge adaptée permettant une guérison ou une amélioration franche.

En premier lieu, il faut éliminer les fuites urinaires non mictionnelles, puis savoir distinguer l’énurésie primaire isolée des troubles primitifs de l’élimination d’urine.

Symptômes diurnes de dysfonction de l’élimination d’urine primitive ou secondaire

  • Fréquence anormale des mictions(trop fréquentes, plus de sept par jour, ou trop rares, moins de quatre par jour), chez un enfant de plus de 5 ans.
  •  Incontinence diurne même minime.
  • Impériosité mictionnelle non contenue (à plus de 5 ans). C’est un besoin subit, inattendu et immédiat d’uriner.
  • Faux besoins (non suivis de miction), hésitation, retard à la miction (enfant de plus de 5 ans ou ayant un contrôle vésical diurne).
  • Efforts de poussée abdominale à la miction, pour initier et maintenir la vidange vésicale (quel que soit l’âge de l’enfant).
  • Faiblesse du jet, jet irrégulier.
  • Miction fractionnée (considérée comme physiologique jusqu’à 3 ans, si elle n’est pas accompagnée de poussée abdominale).
  • Manœuvres de retenue (accroupissement, pincement de la verge, croisement des jambes, agitation, debout sur la pointe des pieds, etc.).
  • Sensations de vidange vésicale incomplète, gouttes rési- duelles, cystalgies ou douleurs génitales (décrites par les plus âgés vers l’adolescence).

L’énurésie

L’énurésie primaire est une incontinence intermittente exclusivement pendant le sommeil. Environ 15 % des enfants sont concernés, dont les deux tiers sont des garçons. On retrouve la notion d’énurésie familiale dans 30 à 60 % des cas. L’énurésie est un symptôme caractérisé par l’émission involontaire d’urine, le plus souvent la nuit, chez un enfant de plus de 5 ans. On parle d’énurésie primaire lorsque la propreté pendant la nuit n’a jamais été acquise, d’énurésie secondaire lorsque l’enfant a déjà été propre pendant plus de 6 mois consécutifs. Le traitement de ce problème nécessite une mise en confiance et des encouragements.

L’énurésie secondaire (l’enfant commence à mouiller son lit alors que la propreté était acquise) semble plutôt liée à des problèmes d’ordre émotionnel (par exemple la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur, ou des problèmes rencontrés à l’école maternelle).

Examen clinique

L’examen clinique est orienté vers le diagnostic différentiel pour rechercher des fuites urinaires sans trouble mictionnel, des incontinences permanentes et les vessies neurologiques.

Il comporte l’examen : –

  • de la région dorsale (anomalie médullo rachidienne)
  • de la marche, de la voûte plantaire, de la trophicité musculaire et des réflexes
  • des organes génitaux et en particulier du méat urétral
  • abdominal (constipation, globe vésical)
  • périnéal (irritation, abouchement ectopique).

L’examen rapide des sous-vêtements permet de constater les fuites urinaires ou des traces de selles. L’observation d’une miction, si elle est possible, est informative.

Une bandelette urinaire est capitale pour exclure un diabète ou une infection.

Sauf cas particulier, aucun examen complémentaire n’est nécessaire lors de la première consultation. Toutefois, si on suspecte une dysfonction par infection ou lithiase, on peut demander un examen cytobactériologique des urines et un bilan urinaire. Ce n’est qu’après l’élimination des fuites urinaires non mictionnelles et l’exclusion ou la correction des troubles mictionnels secondaires (notamment constipation), et avec un nouveau calendrier mictionnel, qu’un trouble mictionnel primitif peut être classé en énurésie primaire (exclusivement au cours du sommeil) ou trouble primitif de l’élimination d’urine (fuites diurnes et/ou nocturnes).

CONSEILS

Il faut rappeler au décours de la première consultation les règles d’hydratation (50 ml/kg/j) et de rythme mictionnel (cinq à sept mictions par jour).

La miction normale survient au calme, chez un enfant bien installé :

  • absence de stress
  • bon appui (marchepied au besoin)
  • jambes écartées, en décontraction (pas de poussée abdominale), sans tomber dans le siège des toilettes (réducteur de siège pour les plus petits)
  • vêtements baissés ne comprimant pas les organes génitaux et permettant l’écart des jambes.

Ces règles sont parfois difficilement applicables dans les toilettes des établissements scolaires et il faut parfois faire un certificat permettant à l’enfant de les appliquer.

Il faut éliminer les facteurs de dysfonction vésicale secondaires, en traitant infection urinaire, constipation, ou irritation des organes génitaux externes.

QUE FAIRE QUAND SON ENFANT FAIT PIPI AU LIT (énurésie primaire si plus de 5 ans) ?

  • Expliquez-lui les causes possibles de son problème (concernant la vessie et le sommeil) en utilisant des mots qu’il comprend et en faisant, éventuellement, un dessin.
  • Précisez-lui qu’il n’est pas le seul à souffrir de ce problème et que d’autres enfants de sa classe sont probablement dans le même cas.
  • Ne dramatisez pas le pipi au lit. Ne le grondez pas et ne le punissez pas. On obtient de meilleurs résultats en se montrant patient, compréhensif et affectueux.
  • Ne le faites pas culpabiliser et évitez d’en parler devant des personnes étrangères au cercle familial proche.
  • Impliquez-le dans son traitement en lui faisant enlever les draps mouillés pour les mettre dans la machine à laver, sans en faire une punition. Faites-lui tenir un journal des jours secs et des jours humides qu’il montrera à son médecin. Encouragez une relation directe entre l’enfant et son médecin.
  • Simplifiez-vous la vie en utilisant des draps qui ne se repassent pas et protégez le matelas par une alèze imperméable.
  • Diminuez la quantité de boisson prise après 18 heures. Mais ne le privez pas de boire quand il a soif sous prétexte qu’il mouille son lit !
  • Veillez à ce qu’il aille aux toilettes avant de se coucher.
  • Félicitez l’enfant ou donnez-lui une petite récompense chaque fois qu’il ne mouille pas le lit (par exemple une image à coller dans un cahier) ; cela peut avoir un effet positif, sans pour autant faire pression sur lui.
  • Placez des veilleuses dans sa chambre, les couloirs et les toilettes, pour rassurer l’enfant lorsqu’il se lève la nuit pour uriner.
  • Lorsque l’on soupçonne que des problèmes psychologiques sont peut-être à l’origine de l’énurésie nocturne, la consultation d’un pédopsychologue ou d’un pédopsychiatre peut se révéler utile. Demandez conseil à votre médecin.
  • Assurez-vous que votre enfant possède un espace personnel suffisamment vaste. Parfois, l’énurésie est liée à l’absence d’un espace identifié comme étant le sien.

Les menaces, le port systématique d’une couche, ou le réveil systématique de l’enfant au milieu de la nuit pour le faire uriner n’ont pas d’efficacité à long terme.