Complications de l’allaitement

COMPLICATIONS MATERNELLES

L’engorgement

L’engorgement est physiologique les tout premiers jours après la naissance en raison de l’installation de la lactogenèse avec augmentation du débit sanguin et du volume de lait. Il dure 24 à 48 heures, les seins sont fermes mais compressibles. L’engorgement pathologique survient à n’importe quel stade de l’allaitement. Il est secondaire à une stase lactée et un œdème interstitiel dû lui-même à la stase veineuse et lymphatique. Cet engorgement est provoqué par toute diminution brutale des tétées en volume et en rythme (enfant malade, sevrage trop rapide, éloignement trop prolongé). Les seins sont tendus, chauds et douloureux, le plus souvent sans fièvre, le lait s’écoule mal. Le bébé a des difficultés à saisir le sein et à téter efficacement. Les risques sont la baisse de production de lait et l’évolution vers une mastite. La meilleure prise en charge de l’engorgement est sa prévention (première tétée, puis tétées sans limitation et à la demande sinon l’extraction se fera par massage aréolaire (vidéo mpedia.fr) ou au tire-lait). Une fois installé, il faut faciliter l’écoulement du lait par la chaleur avant la tétée, l’effleurement du sein, le massage aréolaire et diminuer l’œdème par drainage lymphatique du sein. Les tétées, et si besoin des extractions par tire-lait, seront fréquentes pour diminuer la stase lactée.

La mastite

 La mastite est une réaction inflammatoire à une stase lactée, elle peut évoluer vers une surinfection (mastite infectieuse) ou un abcès. Typiquement, une zone en placard du sein est douloureuse, inflammatoire et s’accompagne d’un tableau pseudo-grippal. Parfois les signes sont plus discrets et sans fièvre. Le traitement est le repos au lit, les antalgiques pour la mère et la vidange du sein 10 à 12 fois par jour par des tétées (avec menton du bébé contre la zone) ou tire-lait. En l’absence d’amélioration en 24 heures, l’antibiothérapie sera envisagée à visée anti-staphylococciques compatible avec l’allaitement.

Obstruction de canal lactifère

Un canal lactifère peut être obstrué par des compressions externes (doigt de la mère, vêtement serré, bretelle…), des micro-calculs de calcium ou une concentration excessive en graisses saturées, secondaire à une alimentation maternelle trop riche en calcium ou en graisses saturés, ou un déficit maternel en IGA. Le problème est que cette obstruction provoque une stase lactée en amont et peut entraîner engorgement ou mastite. L’extrémité de l’agrégat est visible sous forme d’une tête d’épingle blanche sur le mamelon, la douleur est localisée, permanente. Puis une tuméfaction inflammatoire apparaît avec la fatigue maternelle, mais peu de fièvre. Le traitement est l’extraction après application de chaleur localement, soit en cours de tétée en indiquant la position la plus appropriée (menton contre la zone et en position d’allaitement « table à langer »), soit par extraction manuelle, ou tire-lait avec compression du sein.

Candidose mammaire

La candidose mammaire peut provoquer une atteinte superficielle du mamelon avec aspect inflammatoire, luisant et enduit blanchâtre typique, accompagné de douleurs dès le début de tétée. Le bébé a souvent un muguet. Le traitement est un antifungique local de la mère et du bébé, ou violet de gentiane. La présence de candida dans les canaux lactifères est actuellement très discutée. Il était décrit des douleurs en coup de poignard, à type de brûlures dans la profondeur du sein, intenses pendant et après la tétée. Mais ces douleurs se retrouvent dans d’autres situations, en particulier des infections bactériennes du sein bien plus fréquentes. La candidose en serait une surinfection. Les discussions portent désormais sur la priorité à l’antibiothérapie ou à l’antifungique par voie générale.

Réflexe d’éjection fort

Le réflexe d’éjection fort (REF) provoque un écoulement du lait trop puissant pour l’enfant, qui va gêner sa déglutition et au final sa tétée. Le bébé peut se débattre au sein, se retirer brutalement, souvent écourter la tétée, voire refuser le sein. Il a des symptômes d’aérophagie, des régurgitations, est souvent peu rassasié et doit multiplier les tétées. Les selles sont souvent explosives, mousseuses et vertes. Un tableau typique de ce que l’on appelait « coliques » ! Le gain pondéral est le plus souvent correct malgré l’inconfort, il arrive qu’il soit responsable d’une faible prise pondérale et amène à un sevrage précoce. Le bébé peut faire des crevasses du fait qu’il pince le mamelon pour diminuer le flot. Le REF est le plus souvent associé à une hyperlactation, le traitement vise à ralentir le flot à l’aide de certaines positions d’allaitement antigravitaires, verticales et ventrales ou en position couchée. Exprimer le lait manuellement avant la tétée et mettre l’enfant au sein au second, voire 3e flux. Proposer le même sein sur plusieurs tétées d’affilée. Parfois le REF, sur une longue durée va s’accompagner d’une baisse de la lactation par baisse des tétées de l’enfant due à son inconfort. Il faut alors au contraire pratiquer l’alternance rapide des tétées sur chaque sein pour stimuler la lactation, s’aider des expressions manuelles ou extractions au tire-lait avec compression du sein.

Autres

Les régurgitations de sang par le bébé sont courantes lorsque la mère a des crevasses. En général, l’enfant va bien et ne présente aucune symptomatologie d’œsophagite ou autre pathologie digestive.

La fausse constipation du nourrisson allaité est fréquente. Elle correspond au ralentissement du transit observé à partir du 2e mois, allant de quelques jours à quelques semaines, mais avec absence de signes digestifs, un excellent état général et des selles molles.