CHEZ ENFANT DE MOINS DE 3 MOIS UNE TEMPÉRATURE DE 38 NECESSITE UNE EVALUATION IMMÉDIATE AUX URGENCES ( à cet âge là le risque d’une infection sévère est plus importante que chez l’enfant plus âgé )
- La fièvre est définie comme une température supérieure à 38°.
- La fièvre correspond à une augmentation autonome de la température corporelle, par modification de sa régulation centrale. La fièvre n’est pas à craindre, elle n’est pas dangereuse et pourrait être utile à la guérison. La fièvre est une réaction de l’organisme, elle n’est pas une maladie.
- L’enfant fébrile peut présenter un changement de comportement qui témoigne, d’une autre réaction à sa maladie et qui n’est pas due à la fièvre. L’enfant a mois d’énergie (joue et bouge moins), a moins d’échanges (parle moins, ne s’intéresse plus à son environnement), a moins d’appétit. Certains changements sont inconfortables (il pleure, il est grognon, semble douloureux, susceptible, il recherche les bras en permanence).
- L’objectif du traitement est la suppression de cet inconfort et non la normalisation de la température.(Les convulsions fébriles ne sont pas dues la fièvre et ne peuvent être prévenues par le Paracétamol. Chaque poussée de fièvre, même chez un enfant qui a déjà convulsé, n’entraîne pas forcément une récidive. Elles sont une réaction à l’infection et n’ont aucune conséquence à long terme).
CONDUITE A TENIR
❖ Mesurer la température avec un thermomètre électronique rectal
❖ Repérer les signes de gravité :
- moins de 3 mois
- purpura
- difficultés respiratoires
- trouble de conscience
- absence de réponse aux stimulations
- renflement de la fontanelle
- pâleur ou cyanose
- cri faible, enfant geignard
QUE FAIRE EN PRATIQUE
Une fois les signes de gravité éliminées: quelques conseils pour faire diminuer la température en n’oubliant pas que le corps a ses propres mécanismes de régulation qu’il faut savoir respecter
- Ne pas couvrir d’avantage l’enfant. Proposer à boire.
- Le traitement médicamenteux ne sera donné, au cas par cas, que devant des signes d’inconfort, avec du Paracétamol.
- La forme sirop sera à privilégier car elle permet un meilleur ajustement au poids de l’enfant et elle est plus efficace.
NE JAMAIS DEPASSER 4 PRISES DE PARACETAMOL SUR 24H AU RISQUE D’UNE ATTEINTE HEPATIQUE SEVERE
TROIS IDÉES REÇUES À REMETTRE EN CAUSE
La fièvre est souvent vécue par les parents comme une agression (« Il m’a fait de la fièvre ! »), avec le réflexe de la faire disparaître, pour trois mauvaises raisons.
L’INCONFORT EST DÛ À LA FIÈVRE : FAUX !
Au cours de la fièvre, l’enfant peut être plus irritable, se mettre plus facilement en colère, pleurer davantage, rechercher particulièrement les câlins ; son visage peut exprimer un mal- être. L’expression consacrée est alors : « Il tolère mal la fièvre. » L’importance de chacun de ces signes est indépendante de la hauteur de la fièvre : un enfant peut avoir un comportement tout à fait habituel avec une température à 40 °C alors qu’à 38,2 °C un autre pourra être inconfortable. Ces manifestations cliniques ne sont, en effet, pas dues à la fièvre mais à l’action des cytokines, donc aux propres défenses de l’enfant.
Les seuls désagréments liés à la fièvre sont la sensation de froid ou de chaud lorsque les températures corporelles ne coïncident pas – facilement gérés par des adaptations vestimentaires.
LA FIÈVRE EST LA CAUSE DES CRISES CONVULSIVES : FAUX !
Il s’agit du principal motif évoqué par les parents qui disent craindre la fièvre. Une crise convulsive fébrile est en effet une déflagration dans la vie des parents, avec une perception de mort de l’enfant et un syndrome de stress post-traumatique durable pour les trois quarts d’entre eux.
Un enfant qui a déjà convulsé est susceptible de récidiver (1 enfant sur 3, en moyenne) mais ne le fait pas à chaque accès fébrile. En outre, les mêmes virus, lors de pathologies digestives ou respiratoires, peuvent être associés à des crises fébriles et non fébriles aux caractéristiques cliniques semblables.
Ces deux types de crises peuvent se rencontrer chez un même enfant. Ainsi, la fièvre et la crise seraient deux événements temporellement associés, mais sans lien de causalité. Beaucoup d’études associent ces crises fébriles à une augmentation significative des cytokines, surtout IL-1, IL-6, TNF.
À 41 °C, LA FIÈVRE EST DANGEREUSE PAR ELLE-MÊME : FAUX !
En 1943, une étude évoque le décès de 56 % de 232 enfants ayant eu une fièvre de plus de 41°C ;entre 1976 et 2006, sept études rapportaient 1 % de décès (6 enfants parmi 426 ; ces décès correspondaient à deux méningites, trois sepsis et une situation non explorée).
Les antipyrétiques disponibles au cours de ces deux époques ayant été les mêmes, cette chute brutale de la mortalité est à rapprocher de l’introduction des vaccins et des antibiotiques ; cela met donc en cause la maladie et non l’augmentation de la température.
Pour des enfants sans antécédent médical particulier, le risque n’est pas lié à la fièvre, il est étiologique. À ce haut niveau de température, il est judicieux d’intervenir.