Développement de la motricité de l’enfant

NOUVEAU NE

Activité motrice spontanée

Elle varie considérablement selon l’état du nouveau-né: au cours du sommeil, on note des sursauts, de petits mouvements au niveau des extrémités.

En phase d’éveil, elle consiste en des mouvements de flexion–extension au niveau des membres survenant plutôt sur un mode alternatif, de vitesse et d’intensité moyennes. On note aussi des mouvements de rotation latérale spontanée de la tête. Signalons la possibilité d’un tremblement lors des pleurs (trémulations) qui a d’autant moins de valeur pathologique que le nouveau-né est plus jeune.

Les différents mouvements observés chez le nouveau-né peuvent être regroupés selon les modèles suivants : mouvements de progression, mouvements symétriques, sursauts, mouvements liés à des activités réflexes, mouvements faciaux, mouvements athétoïdes..

Fonctions de redressement

Redressement de la tête:

  • Etude des muscles fléchisseurs du cou (manœuvre du tiré–assis): l’enfant sur le dos est saisi par les poignets et soulevé légèrement du plan du lit : normalement, la tête se maintient un court instant dans l’axe du tronc et participe activement au mouvement imprimé puis tombe en arrière.
  • Étude des muscles extenseurs : leur contraction est étudiée chez le nouveau-né amené en position assise ; il est en effet capable, après un temps de latence pendant lequel sa tête demeure très fléchie, de la redresser et la maintenir un court instant dans l’axe du tronc.

Redressement des membres inférieurs. Le nouveau-né placé en position verticale prend appui activement: les jambes s’étendent sur les cuisses et la diffusion de cette réaction tonique atteind tout le corps selon une voie ascendante.

Redressement global. Ce réflexe est la suite du précédent. L’extension des membres inférieurs, celle du bassin, puis du tronc, puis du cou amenant le nouveau-né pendant quelques instants à une station érigée et stable.

Réflexes archaïques

Il ne s’agit pas de réflexes proprement dits mais de réponses motrices qui, pour une incitation donnée, se reproduisent automatiquement, de manière identique: la qualité de la réponse contribue à affirmer l’intégrité neurologique du sujet, tout au moins, au niveau sous-cortical. Nous ne les décrivons pas ici (se reporter à l’examen du nouveau-né).

Réflexes posturaux

L’étude du tonus postural actif fait appel au changement brusque de la position du corps dans l’espace. La réponse observée évolue dans le temps : de la naissance au septième mois, on observe des réactions en flexion. Dans la manœuvre du tiré–assis, on remarque une flexion des membres inférieurs qui deviendra de plus en plus active jusqu’au sixième mois ; lors de la suspension ventrale, on remarque que le tronc est relativement droit, les membres sont en flexion ; de brefs efforts visent à relever la tête. La réponse est d’autant plus nette que l’enfant est plus âgé.

NOURRISSON

C’est d’abord l’observation de l’attitude et de la motricité spon- tanée du nourrisson qui apporte les premières indications. Le nourrisson jusqu’à 6 mois est d’abord observé sur le dos : la position en réflexe tonique asymétrique du cou est fréquente pendant les trois premiers mois, plus rare jusqu’au sixième mois, où elle disparaît (c’est la position dite de l’escrimeur avec un membre supérieur en extension du côté vers lequel le visage est tourné, et l’autre en flexion).

Sa gesticulation spontanée est le meilleur indicateur de la force musculaire. Elle doit être fréquente, vigoureuse et bilatérale. En revanche, le repos complet des membres sur le plan du lit signe une hypotonie dont il faudra rechercher si elle est ou non associée à un déficit moteur. Un maintien de l’attitude en flexion d’un ou des deux membres supérieurs avec poing fermé, au-delà de l’âge de 2 mois, doit évoquer une hypertonie pathologique.

Plus tard le nourrisson est observé en position assise. Ensuite, on ne manque pas d’observer son mode de déplacement au sol puis sa marche : elle objective un déficit moteur mieux que l’examen segmentaire des membres inférieurs. De même, la situation de jeu en proposant des jouets à l’enfant montre bien ses capacités de motricité fine.

Contrôle postural

Le tonus axial progresse de façon céphalocaudale : tenue de tête vers 4 à 6 semaines, début de station assise vers 5 mois ; d’abord penché en avant, avec cyphose dorsale basse, et appui des bras en avant, puis station assise stable avec le dos bien droit vers 8 mois, et enfin début de station debout avec appui vers 9 mois.

Locomotion

Les premiers déplacements de l’enfant se font sur un plan horizontal, par retournement d’abord, du ventre sur le dos vers 5 mois, puis du dos sur le ventre vers 6 mois. Puis la locomotion va se construire progressivement jusqu’à la marche en lien avec la maîtrise posturale qui progresse de la tête vers le bas du corps. Le ramper sur le ventre apparaît vers 6 mois : l’enfant se tire en prenant appui sur ses membres supérieurs fléchis sans s’aider des membres inférieurs au début (on parle du « ramper commando »). Le « quatre pattes » débute vers 8mois. Cependant, tous les enfants ne l’utilisent pas.

Certains préfèrent se déplacer sur les fesses et auront souvent une marche tardive. À partir de 9 mois, la station debout va être conquise : l’enfant est capable de se tenir debout avec appui puis de se mettre debout en prenant appui et enfin de se déplacer avec appui. Puis il se lâche quelques instants et fait enfin ses premiers pas vers 1an. Des normes de 9 à 18mois sont admises pour la marche. Le nourrisson marche d’abord sur la pointe des pieds. Le passage de la marche digitigrade à la marche plantigrade nécessite environ une année de pratique locomotrice. Cependant, la prolongation du caractère immature de la marche digitigrade peut être révélatrice d’un déficit neurologique.

Motricité fine

Ce terme fait référence à la motricité du membre supérieur et aux habiletés de préhension et de manipulation des objets. Elle dépend de l’intégrité d’autres systèmes et de la synchronie de leur développement : le contrôle postural, la perception visuelle à laquelle elle est étroitement liée, les capacités cognitives.

C’est le contrôle de la tête puis du tronc avec relâchement des membres supérieurs qui rend possibles les mouvements d’approche et de manipulation. Le relâchement progressif permet aux mains de venir vers l’avant et de se rejoindre sur la ligne médiane vers 4mois. Puis le développement de la préhension progresse du proximal vers le distal. La première phase d’orientation–approche comprend le repérage visuel de l’objet, suivi d’une extension du bras en direction de l’objet (les informations sont essentiellement proprioceptives). Puis la préhension sous contrôle visuel est réalisée lorsque la main apparaît dans l’espace visuel occupé par la cible. Elle progresse de la partie externe de la main vers la partie interne, c’est-à-dire le pouce. La prise est d’abord cubitopalmaire puis radiopalmaire et enfin radiodigitale. La pince « inférieure » se fait d’abord à l’aide du pouce et de l’auriculaire puis la pince « supérieure » est obtenue avec le pouce et l’index vers 9–12 mois. La pince dite « fine » se caractérise par l’utilisation de la pulpe de ces doigts.

Pointing, pointage de l’index

Cette capacité, très en lien avec le développement du langage, apparaît à la fin de la première année de vie. On distingue le pointage impératif et le pointage déclaratif . Le premier correspond à la demande d’un objet désiré alors que le second souhaite attirer l’attention de l’interlocuteur dans le cadre de l’attention conjointe. Dans les deux cas, ce geste moteur révèle une forme précoce de la prise en compte de l’état mental d’autrui

Établissement de la latéralité

La préférence manuelle apparaît au cours de la deuxième année de vie. Auparavant, une prise exclusive d’un côté doit faire craindre un déficit controlatéral. La latéralisation se confirme ensuite au fil du temps pour se stabiliser vers 4–6 ans.

Chez l’enfant

Après l’âge de 2 ans, le développement se poursuit au niveau des motricités globale et fine. L’espace est de mieux en mieux appréhendé. L’enfant apprend à courir, monter puis descendre les escaliers. Vers 2 ans, il contrôle ses sphincters. Le développement progressif des habilités manuelles et du graphisme conduit l’enfant jusqu’à l’écriture. La copie d’un rond est acquise dès 3 ans, celle de la croix et du carré vers 4 ans. La capacité d’imiter un losange, plus complexe, n’intervient que vers 6–7ans. En effet, entre 2 et 12 ans se développent les praxies qui correspondent à la coordination volontaire de mouvements orientés vers un but. Elles nécessitent un apprentissage.

Très bel exposé sur les étapes du développement de la motricité de l’enfant de la naissance à la marche